C’était un petit arbre qui vivait au bord d’une grande forêt. Près de lui les grands arbres se moquaient de lui, de sa petite taille et de ses branches minuscules. Le petit arbre était triste, il rêvait de devenir grand comme ses voisins.

Un bûcheron qui passait par là remarqua le petit arbre : « Tu es bien joli, toi, mais si petit. Attends, je vais arracher toutes ces broussailles autour de toi et tu deviendras un bel arbre que je reviendrai chercher dans quelques années. »

Le petit arbre était tout joyeux, il se dit qu’il allait devenir encore plus grand que ses voisins qui se moquaient de lui. Mais voilà qu’un randonneur pressé ne le vit même pas et le piétina durement. Le petit arbre était maintenant à terre, tout meurtri et désespéré. Le vent du Nord se pencha sur le petit arbre, remarqua son malheur et dans une bourrasque soudaine le redressa brusquement.

« Merci murmura le petit arbre » et il se mit aussitôt à panser ses blessures. Son écorce avait beaucoup souffert et son bois tout blanc était nu par endroits. Il se mit au travail, c’était un dur travail qui lui prenait beaucoup de temps et il ne grandissait pas, tout occupé à cicatriser ses plaies.

« Dis donc toi, dit le bûcheron qui passait par là, tu n’as pas profité de mon aide, tu n’as pas pris un centimètre, petit avorton. »

Et dans sa colère il lui lança un grand coup de pied qui lui trancha la tête. Le petit arbre crut sa dernière heure arrivée :

« Je ne grandirai plus jamais, je n’ai plus qu’à mourir »

Ses voisins qui se moquaient de lui jadis lui parlèrent gentiment. Le sapin près de lui le caressa de sa plus grande branche en lui disant : « Pauvre petit tu ne seras jamais des nôtres mais on essaiera de te protéger. »

Le petit arbre qui était courageux se remit au travail pour réparer les dégâts. Il fit pousser un joli plumet sur son pauvre tronc décapité et de jolies touffes au bout de ses branches.

Un promeneur qui passait par là remarqua le petit arbre :

« Tu es exactement ce que je cherche, un bel arbre nain et touffu, une merveille naturelle, je vais t’emporter »

Et depuis ce jour, si vous passez au parc floral allez visiter le quartier des bonzaïs et vous y verrez, posé sur un grand piédestal, un admirable bonzaï qui domine tous les autres. Magnifique, touffu, tourmenté à souhait, tous les visiteurs l’admirent et notre petit arbre est heureux, perché sur un tronc d’arbre, bien soigné et visité chaque jour par des admirateurs.

Le petit arbre qui voulait devenir grand - Emmy Stch

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